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Fukushima : des enfants oubliés dix ans après la catastrophe

Dernière mise à jour : 27 juin 2021


Capture d'écran YouTube

Après le drame subit par la centrale nucléaire en mars 2011, les habitants de Fukushima essaient de reprendre une vie normale. Les jeunes rescapés sont encore aujourd’hui très impactés : l’un d’entre eux, porte-parole de cette génération oubliée, livre un vibrant témoignage.


Depuis dix ans, la jeunesse de Fukushima a été bouleversée par le désastre. Elle paraît déjà privée de son innocence et de son insouciance. Des milliers de familles ont été déplacées sur un rayon de plusieurs kilomètres tout autour de la centrale impactée. Des conséquences que l'on mesure encore aujourd'hui : le youtuber Tev (de la chaine : Tev-Ici Japon) est parti en exploration urbaine dans la zone de la catastrophe en 2018 avec un détecteur de radioactivité. Il montre dans sa vidéo les maisons, magasins, et toutes les installations et mobiliers qui ont été emportés, détruits, et comme figés dans le temps depuis dix ans.


Dans une seconde vidéo de 2019, Tev montre le retour des populations dans la zone ainsi que le développement du tourisme autour de la catastrophe. En effet, une gare ferroviaire est construite où on peut voir la pancarte de la gare avec le nom de la station écrite en japonais, coréen et en anglais. Un hôtel a même été construit à proximité.


Retour des populations et développement du tourisme


En même temps, il insiste sur le retour des populations sur place qui pour certaines familles étaient déjà revenues alors que la zone était encore contaminée, lors de sa première exploration de la ville en 2017. Cependant, si le nombre de personnes qui revient sur le site augmente, cela reste encore assez minoritaire.


« Mes parents m’ont inscrit dans une nouvelle école où j’ai été victime de harcèlement parce que je venais de Fukushima ». (Matsuki Kamoshita pour le magazine Phosphore)

Parmi ces familles, il y a des enfants qui aujourd’hui encore sont ignorés du reste de la population japonaise et du monde. L'un d'entre eux, âgé de 8 ans au moment du désastre, est devenu la voix de cette jeunesse oubliée : Matsuki Kamoshita.

Il raconte dans une interview au magazine Phosphore le choc et la prise de conscience du désastre pour lui et sa famille, ainsi que leur vie depuis et leur engagement politique contre le nucléaire.


La jeunesse oubliée de Fukushima


Matsuki se confie sur le traitement des réfugiés de Fukushima : « Mes parents m’ont inscrit dans une nouvelle école où j’ai été victime de harcèlement parce que je venais de Fukushima ». Il explique que contrairement à certaines autres familles, la sienne n’est jamais retournée sur place depuis le jour de la catastrophe.

En racontant le voyage entre sa ville natale et Tokyo, il explique qu’au lieu des trois heures habituelles, lui et sa famille prirent dix-huit heures pour rejoindre la capitale nippone tellement les routes étaient détruites à cause du tsunami et du tremblement de terre. Son récit se poursuit au moment de leur installation et de leur adaptation dans la capitale.

Dans sa nouvelle école, il se fait harceler pour la simple raison qu’il était originaire de la ville de Fukushima. En effet, une forte exposition à la radioactivité peut entrainer l’augmentation des mutations ADN et par conséquent les risques de cancer (de la thyroïde, de la moelle osseuse, des poumons, du sein, etc). Les radiations dues à une forte exposition aux rayons radioactifs peuvent également poser problème au niveau du système de reproduction. Malheureusement, il ne fut pas le seul de sa famille à subir ce traitement : son père a été dénigré à cause de son engagement pour les droits des évacués.

 

Le rappel des jeunes curieux : Que s'est-il passé à Fukushima ?


Le 11 mars 2011, dans la zone de la ville de Fukushima (Japon) un tremblement de terre suivi d’un tsunami affaiblit puis provoque la surchauffe d’un réacteur qui entraine l’explosion de la centrale nucléaire de Fukushima Daichii. Des milliers de famille sont déplacées (soit près d’un demi-million de personnes au total) dans une zone de plusieurs kilomètres autour du réacteur nucléaire et de la ville de Fukushima et près de 16 000 personnes ont perdus la vie durant cet incident.

 

Des difficultés pour se réintégrer


Il explique les raisons de ce mauvais traitement. Selon lui « les réfugiés de Fukushima sont mal vus au Japon. » Il précise que les gens qui ne connaissent pas la réalité de l’évacuation pensent que les victimes de l’incident sont des « profiteurs ». Ces mêmes personnes s’imaginent que les exilés bénéficient d’indemnités même si leur maison ne sont pas détruites et croient que les victimes de l’incident sont logées gratuitement à Tokyo, alors que c’est bien évidemment faux.

Selon Matsuki, ce malentendu n’existerait pas si Tepco (l’entreprise qui exploite les réacteurs de la centrale) et le gouvernement japonais avaient transmis des informations exactes sur les conséquences redoutables de la contamination à la radioactivité.

Mais pour l’État japonais, les victimes de Fukushima sont des témoins gênants. Il minimise donc les dégâts de cette catastrophe pour continuer à promouvoir l’énergie nucléaire auprès du peuple japonais.

Lorsque les journalistes du magazine Phosphore lui ont demandé comment il faisait face à ces difficultés Matsuki, leur a répondu qu’il s’est trouvé dans une très grande souffrance à cause de toute stigmatisation à laquelle il était confronté tous les jours avec sa famille. Cela l’a tellement détruit moralement qu’il en est venu à avoir des idées suicidaires. Pour éviter que ce calvaire ne recommence, à son entrée au collège, il a dissimulé le fait d’être un réfugié nucléaire afin de ne plus être rejeté par ses camarades. Il confie qu’à l’époque, il s’intéressait déjà à la politique, mais ne pouvant pas dire d’où il était originaire, il n’a pas pu avoir de discussions profondes et de débats.


« La liberté d’expression dans mon pays va bien au-delà du cas des évacués de Fukushima ! Cela doit changer. Quand j’étais petit je voulais devenir député. Aujourd’hui, je ne suis plus sûr de vouloir faire de la politique. La plupart des Japonais sont tellement désabusés qu’ils ne s’y intéressent plus. Continuer à prendre la parole sur Internet seras sans doute plus efficace pour faire bouger les gens. » (Matsuki Kamoshita pour le magazine phosphore)

Briser la loi du silence avec l'aide du Pape


Alors le jeune Japonais est encore au lycée et que sa souffrance continue de s’aggraver sans cesse, il décide de faire une action hors du commun qui l’expose et a eu également un grand retentissement au japon : il a écrit une lettre au pape !

Il explique qu’il a décidé de briser la loi du silence de cette manière. En effet, il dit que cette action n’a pas été motivée par des raisons religieuses, mais pour être enfin écouté et entendu par une autorité dans le monde entier. Dans sa lettre, il a expliqué au pape sa souffrance et toutes les injustices qui font parties de son quotidien. Le pape l’as alors reçu à Rome et lui a promis de venir prier à Fukushima lors de son prochain voyage au Japon.

Matsuki explique que parler au pape lui a donné le courage d’aller encore plus loin et lui a donné la force de s’exprimer avec son vrai nom, de s’exprimer dans son pays sur ce sujet, de ne plus se cacher et surtout d’affronter la réaction des gens.

Pour toutes ces raisons il a donc pris position contre le nucléaire. Selon lui, il y a de trop gros risques qu’un nouvel accident majeur se reproduise car pour lui le nucléaire est une technologie du passé. Mais pour faire passer ce message, il faut ouvrir un débat démocratique sur ce sujet au japon, avec des informations exactes.


Après avoir rencontré le pape et fait de nombreuses interventions contre le nucléaire en 2019 ; Matsuki Kamoshita s’est de nouveau exprimé à ce sujet en participant à une vidéo youtube sur la chaine « Manhattan Project for a Nuclear-free world » où il prouve que son combat, n’est pas terminé et au contraire.



Il prouve ainsi que cette jeunesse n’as pas perdu sa voix.

Le site n’est désormais plus abandonné certains zones classées à risques il y a 10 ans sont aujourd’hui transformées en champs de panneaux solaires.

Les routes ont été rénovées et elles sont désormais réouvertes, les partis encore inhabitées sont barrées afin que personne n’entre dans les maisons pour commettre des vols. Les normes de radiations sont à 0,04 de la moyenne imposée.

On peut dire que Fukushima à enfin de l’espoir au lendemain du 10ème anniversaire de la catastrophe.


Maud L. (3e Sévigné)




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1 Comment


j'ai adoré c'est hyper impressionnant

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