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Hong Kong : trois ans après le mouvement pro-démocratie, la répression continue

Dernière mise à jour : 17 avr. 2023



Un territoire sous tension déchiré entre son pays d’origine et son envie de liberté. Entre le marteau du gouvernement de Beijing et l’enclume de la colère d’une jeunesse déterminée, Hong Kong fait des étincelles. En 2019, les images de protestations pour le maintien des libertés et de la démocratie dans le territoire avaient fait le tour du monde. Mais qu'en est-il aujourd'hui ?


Si les yeux de la communauté internationale ne sont plus trop fixés sur le territoire, la situation est toujours très tendue à Hong Kong. En janvier dernier, cinquante-trois citoyens pro démocratie sont arrêtés par les forces de l’ordre à Hong-Kong. Un événement symbolique des tensions politiques entre les autorités locales proches de Beijing et les opposants qui souhaitent préserver l’autonomie du territoire. Des arrestations dénoncées par l’Union européenne et le haut-commissariat aux droits de l’homme.


Une Chine toujours plus autoritaire et répressive face à Hong Kong, qui résiste


En mai, Beijing a continué la censure et la répression sur les figures principales hongkongaises du camp pro-démocratie. En effet, le patron de presse Jimmy Lai écope d’une nouvelle peine de prison et sept autres figures du mouvement pro-démocratique également. Après avoir plaidé coupable d’avoir organisé une manifestation en octobre 2019, ce qui lui vaut une condamnation à quatorze mois de prison, il est de nouveau jugé pour avoir participé de manière illégale à une autre manifestation lors du 70ème anniversaire de la Chine communiste. Il symbolise en fait la répression contre la presse libre qui critique le gouvernement chinois et soutien la démocratie à Hong Kong.

Jimmi Lai se rendant au tribunal en décembre 2020. © Voice of America

Malgré le résultat des élections locale, avec plus de 50% des sièges du parlement remporté par le camp pro démocratique et une participation record, Beijing continue d’interférer dans les affaires d’Hongkong et resserre l’étau sur ce territoire semi-autonome.


 

Le rappel des jeunes curieux : Hong Kong, c'est quoi ?

Hong Kong est un territoire semi-autonome se situant dans le Sud Est de la Chine. C'est une ancienne colonie britannique, rétrocédée à la Chine en 1997 dans des conditions particulières. Pendant 50 ans (donc jusqu’en 2047) le territoire garde son propre système judiciaire par rapport à Beijing, des élections libres, un accès non contrôlé aux médias et réseaux sociaux,... avant de redevenir une province chinoise comme les autres. Hong Kong est un territoire important pour la Chine car il fait le lien entre elle et le reste du monde notamment grâce à sa forte puissance économique et son statut de place financière mondiale. Avec Shanghai, elle est une des métropoles chinoises les plus mondialisées. Mais depuis 1997, malgré les règles fixées par l'accord de rétrocession, Hong Kong est en proie à des tensions, notamment avec le désir d’indépendance d’une part non négligeable de la population, alors que le gouvernement chinois souhaite réintégrer Hong Kong dans ses provinces. Une situation qui fait beaucoup penser au cas de Taïwan, île indépendante protégée par les Etats-Unis mais revendiquée par la Chine.

 



Des manifestations récurrentes depuis la rétrocession


Les mouvements contestataires ont redoublé d'intensité à l'été 2019 (de juin jusqu’à octobre), après l’annonce d’un projet de loi par le gouvernement hongkongais qui prévoit l’extradition de prisonniers vers la Chine continentale. Le gouvernement de Beijing appliquant un autre système judiciaire, beaucoup plus sévère (moins à cheval sur la présomption d’innocence), de mouvements de protestation sont apparus, considérant le projet de loi comme une violation des accords de 1997. Selon un reportage d’Arte, la protestation mobilise près de 2 millions de hongkongais soit (près du tiers de la population de Hong Kong). Le profil des manifestants est assez étonnant : une grande partie d'entre eux sont des jeunes qui sont nés après la rétrocession de 1997.


Hong Kong a déjà connu des manifestations géantes similaires en 2014, pendant la "révolte des parapluies", qui inspire grandement celle de 2019 (avec l'utilisation de parapluie comme protection contre la répression du gouvernement). Cela marque ainsi la volonté d' Hong Kong de conserver un état de droit et un accès libre aux médias qui est de plus en plus menacé, à cause de l'ingérence grandissante de Beijing.


Une génération de manifestants plus organisée et revendicative


Ce qui différencie la mobilisation de cette génération par rapport aux anciennes est leurs nombreuses tactiques qui sont mises en place. C'est notamment le cas du « hit and run » (frappe et court en anglais) qui consiste à faire des blocus et ralentir les forces de police, puis une fois que ces dernières ont passé les barrages elles ne retrouvent personnes car les manifestants se sont déjà enfuit par le métro. Une autre technique est celle du « Blossom everywhere » (éclore partout) qui consiste à ce que plusieurs protestations fleurissent à différents endroits distincts pour compliquer les opérations de police.

Au bout de plusieurs mois de mobilisation et l’occupation d’universités comme la polytechnique, cinq principales revendications sont mises en avant en 2019 :

- L’annulation de la loi sur l’extradition.

- La libération de toutes les personnes arrêtées.

- Que le mouvement ne soit plus considéré comme une émeute.

- Une commission indépendante sur les violences policières (voire la dissolution de la police hongkongaise).

- Le suffrage universel et démocratique.


Des Hongkongais unis et solidaires face à Beijing


Ce qui effraie aussi Beijing par rapport à ces mouvements protestataires est la solidarité entre les civiles et les protestataires, ainsi que le l’admiration et l’aide que les anciennes générations apportent aux plus jeunes. Au cours de ces nombreux mois de protestions on a pu voir des parents se rassemblant afin de soutenir les plus jeunes, ou encore des retraités, des hommes d'affaires fortunés créant des chaines humaines afin d’approvisionner les étudiants bloquant l’université polytechnique pendant onze jours. Ce climat tendu à même provoqué l’annulation de certains concerts dont les artistes ont pris position pour le gouvernement chinois.

Malgré tout, les jeunes interrogés dans le reportage d’Arte se disent prêts à continuer le combat car Hong Kong est leur maison mais qu’aussi ils n’ont pas les moyens de fuir comme le font certains. Ce qui prouve que Hong Kong n’a pas finis de révolter et de tenir tête à la Chine, qui sait jusqu'en 2047 !


Maud L. (2nde)


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