Chez certaines entreprises, les employés sont mal logés, travaillent dans de mauvaises conditions. Dans certains Etats en guerre civile, où la démocratie est menacée voire inexistante, des pratiques d’autres siècles que l’on pensait disparues réapparaissent. Peut-on parler d’un esclavage “moderne” ? Petit passage en revue d’exemples de plus en plus médiatisés à l'aide d'un documentaire.
Un documentaire qui donne froid dans le dos. Sur YouTube, le vidéaste français "Trash" a collecté des extraits de reportages pour évoquer la question de l'esclavage moderne de manière précise et documentée par des sources : grandes chaînes de télévision internationales, sites de grands titres de presse, etc. Trois exemples attirent l'attention : certaines pratiques de l'entreprise Amazon, des cultures sous serres en Espagne et les trafics d'être humains en Libye.
Le calvaire des employés d'Amazon
Vous connaissez le concept d'Amazon : des ventes uniquement pas livraison sans que le client passe en magasin. Le travail dans cette multinationale est assez simple : des employés vont chercher les articles dans des entrepôts, puis vont les mettre dans des chariots remplis de commandes diverses qui seront ensuite amenées à d'autres employés qui emballent le tout avant d'envoyer les colis en livraison. Il y aurait ainsi au moins une dizaine de milliers de commandes par jour et cela atteint des pics encore plus énormes pendant les fêtes de fin d'année : au moins 500 commandes par seconde rien qu’aux Etats-Unis. Cela signifie qu'en moins d’une heure, il y a 30 000 commandes dans le monde ! Et tout cela dans des conditions de travail inhumaines, d’après des témoignages d'employés dans les reportages TV extraits par le documentaire.
Il existe au moins 1000 sites Amazon dans le monde et donc plus de 542.000 employés.
Les Pickers (nom donné au employé devant aller chercher les articles dans les immenses entrepôts de stockage) sont les plus en souffrance au quotidien. Ils possèdent constamment un "pad" qui permet de connaître leur position et leur performance, impose un objectif de X articles qu’ils doivent chercher par heure, et si ils ne sont pas assez rapides et ne respectent pas le temps donné, il reçoivent des avertissements. Au bout de 3 avertissements ils peuvent être renvoyés sans autre forme de procès. Si au contraire l'objectif est atteint, il est sans cesse réhaussé, de telle sorte que chaque employé à un moment ou un autre finisse par craquer.
Ils travaillent entre 60 et 80 heures par semaine dans des entrepôts qui peuvent faire la taille de 18 terrains de football. Il est donc très mal vu d’aller aux toilettes chez Amazon, étant donné que c'est une perte de temps dans le labyrinthe de l'entrepôt... si bien que certains préfèrent uriner dans des bouteilles vides plutôt que s’y déplacer. La pause déjeuner est également un calvaire, le temps de se déplacer, de revenir, etc, ne laissant que peu de temps pour se restaurer.
Le documentaire pointe aussi des problèmes de déplacements : à l'entrepôt de Dunfermline, en Ecosse, des tentes où dormaient des employés ont été retrouvées à proximité car le bus navette de la société coûtait trop cher et les employés n'avaient pas assez d’argent pour l'utiliser.
Enfin à Montélimar, en France, des employés ont dû faire grève pour avoir le chauffage et éviter de travailler avec un manteau et des gants !
A l'autre de bout de la chaîne de l'entreprise, se situent également les livreurs, avec leur impératif de temps pour atteindre les consommateurs. Cela suppose encore d'autres difficultés, mais c'est un autre sujet.
Les serres espagnoles d’Almeria
En Espagne sont produits de nombreux fruits et légumes européens, notamment des tomates. Mais qui les produits, et où ? Ils sont surtout produits dans le sud de l'Espagne dans la région d’Almeria. C’est une région très sèche mais parfaite pour l’agriculture, en effet même en hiver le soleil reste très fort. Les conditions de travail des employés sont exécrables, à tel point que les aides humanitaires doivent aller les soutenir. D'après les informations collectées par Trash dans différents reportage à ce sujet, les personnes y travaillant sont à 90% des immigrés, leur salaire variant entre 30 et 35 € la journée.
Ce travail est épuisant : dans les serres il fait plus de 40°C. Ils utilisent de nombreux pesticides jusqu'à quatre fois plus que la norme européenne. Les agriculteurs y travaillent sans protection et sont très exposés aux produits toxiques. Les producteurs font attention à ce que les végétaux respectent les normes en termes de pesticides, par contre la santé de leur employés ne les intéresse pas. Et la plupart des agriculteurs n’ont même pas de contrat et sont employés au jour le jour, leurs employeurs n’ont donc pas de règles à respecter.
A chaque fois que l’un d’entre eux devient moins productif ou tombe malade, il est licencié et remplacé très rapidement. Ils sont considérés exactement comme du bétail, il vivent dans de véritables bidonvilles, sales et insalubres : plus de la moitié n’ont accès ni à l'eau, ni à l'électricité. Ils font face à un autre problème, le racisme : depuis le meurtre d’une Espagnole par un immigré marocain, de violentes manifestations ont été organisées contre eux. Les Espagnols ont détruit les bidonvilles, brûlé des habitations et tabassé des travailleurs sans que la police n'intervienne.
Libye : un vrai marché aux esclaves
En Libye, depuis 2011 (le Printemps Arabe) et la chute de Kadhafi, le gouvernement n'a plus les épaules ni la force de protéger le pays du chaos et de la guerre civile. Il ne contrôle pas des milices armées qui détiennent certaines villes. La Libye est ainsi devenue un des lieux principaux de la migration vers l'Europe à cause de l'absence d'autorité et sa proximité avec l’Italie.
D'années en années, il y a moins d'accidents de migrants partant vers l'Europe illégalement. En effet de moins en moins de migrants tentent la traversée en mer. Cependant il y a toujours autant d’Africains cherchant à aller en Europe : c'est juste que les migrants restent bloqués en Libye, car l’Europe paie le gouvernement pour qu’ils augmentent les contrôles et empêchent par tous les moyens possibles les départs clandestins en Europe.
D'après les extraits vidéos de reportages récupérés par Trash, les passeurs qui se faisaient payer pour la traversée ont du trouver un nouveau moyen de gagner de l’argent : ils ont lancé un business encore plus lucratif, c’est-à-dire réduire en esclavage les migrants. Les passeurs et les milices ont un malin plaisir à les torturer avec des fouets, ou des fils électriques. Retenus en otage, on demande à leur famille une rançon, qu'elles sont souvent trop pauvres pour payer sans se ruiner totalement. Par ailleurs, les migrants ne sont pas toujours rendus après le payement : ils sont même cédés à d'autres miliciens qui recommencent ainsi leur chantage. Des vidéos ont même été tournées montrant de véritable ventes d'esclaves aux enchères.
Loïs P. et Auguste D. (5e Berlioz)
très intéressant j'ai appris plein de nouvelles choses